Hamid Khezri nous ore une promenade à travers le berceau de la culture persane, en musique, en persan, kurmanji ou tadjik. Accompagné de ses dotârs, il chante des histoires séculaires et des épopées guerrières, en passant par les airs spirituels des régions désertiques du Sud, et transporte son public à travers un orient mythique et immémorial.

L’instrument roi du Khorasan est le dotâr (littéralement : “deux cordes”), dont l’origine remonte au terme de “long manche, répandu au Moyen-Orient, en Asie Centrale et jusqu’au Turkestan chinois. Ses deux cordes, traditionnellement en soie ou en boyau, sont aujourd’hui presque partout remplacées par des cordes en acier. Chaque région revendique un timbre, une forme, une technique de jeu spécifiques.

La musique des Bakhshis du Khorasan est reconnue depuis 2010 au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. Dans la province du Khorasan, les Bakhshis sont réputés pour leur talent de joueurs de dôtar, un luth à long manche doté de deux cordes. Ils déclament des poèmes et des épopées islamiques et gnostiques sur des thèmes mythologiques, historiques ou légendaires. Leur musique, appelée maghami, consiste en pièces instrumentales et/ou vocales, interprétées en turc, kurde, turkmène et perse. Le Navayi est le magham le plus répandu : il est extrêmement varié, vocal, dépourvu de
rythme, accompagné de poèmes gnostiques. Les autres exemples sont notamment les maghams turcs Tajnis et Gerayeli, les thèmes religieux du Shakhatayi, et le Loy, un ancien magham romantique des Kurdes Kormanj du Nord du Khorasan. Pour les Bakhshis, l’une des cordes du dotar est mâle et l’autre femelle ; la corde mâle reste ouverte, tandis que la corde femelle est utilisée pour jouer la mélodie principale. La musique bakshi est transmise soit selon la méthode traditionnelle, par enseignement direct du maître à l’élève (méthode réservée aux hommes de la famille ou du voisinage), soit selon des méthodes modernes, où un maître forme plusieurs élèves (de sexes ou origines divers). La musique transmet l’histoire, la culture, les règles éthiques et religieuses fondamentales. C’est pourquoi le rôle social des Bakhshis ne se limite pas à celui de simple narrateur, mais fait d’eux des juges, des médiateurs et des guérisseurs, ainsi que les gardiens du patrimoine culturel ethnique et régional de leur communauté.

Extrait de fr.unesco.org